Plusieurs fois par année, les autorités aéronautiques de nombreux pays rappellent que la fascination par l’objectif est l’une des causes principale des accidents dans l’aviation générale. De très nombreux accidents mortels vont venir s’inscrire dans le même schéma : des pilotes privés décollent dans ces conditions épouvantables et finissent quelques temps plus tard dans un champ, un lac ou un flanc de montagne. Ce qui étonne le plus, c’est qu’il est évident que ces pilotes étaient assez compétents pour identifier les conditions dangereuses. Ils décident de voler un peu comme si une personne leur mettait un pistolet sur la tempe pour les obliger à décoller à n’importe quel prix.
La même situation peut commencer au sol, mais elle peut commencer en vol. Dans ce cas, le pilote continue à voler alors qu’à de très nombreuses reprises il avait la possibilité de se poser.
D’après une grande association de pilotes US, l’AOPA, deux clés importantes permettent d’éviter ce genre de situations:
1 – Ne jamais planifier une mission critique en avion privé.
2 – Si planifiez un voyage important en avion privé, prévoyez une solution de rechange au cas où les conditions ne seraient pas favorables.
Si une mission critique pour des raisons privées ou professionnelles est tentée en avion de tourisme, la pression de réaliser le vol est énorme. Ceci influence de manière malsaine le jugement. Une soupape de sécurité serait de prévoir d’emblée une solution de rechange. De la sorte, une dégradation des conditions météorologiques ne met pas en péril la mission poussant ainsi à la prise de risque. Durant les premières décennies de l’aviation commerciale, le commandant de bord avait toujours dans sa mallette un guide de chemins de fer et des billets de train pour offrir aux passagers qui pouvaient continuer leur trajet en cas d’atterrissage de fortune ou d’interruption du vol.
Voici un cas d’illustration tres intéressant parce que l’appareil avait deux pilotes à son bord et que le sort n’a pas été différent que lorsqu’un seul pilote est l’acteur de l’accident.
Le vol avait été planifié pour le 23 janvier 2009 au matin pour se rendre sur le lieu d’un rendez-vous commercial qui avait exigé près de un an de travail. Ce déplacement était vital pour la survie d’une entreprise qui avait été durement touchée par la crise économique.
Le premier pilote était lui-même le propriétaire du monomoteur Cessna 205 qui allait être utilisé dans ce vol. L’avion avait été construit dans les années soixante et disposait d’un moteur Continental de 260 chevaux. Cet appareil est en tout points comparables à ceux qu’on trouve régulièrement dans les aéroclubs. Le pilote avait une licence privée valable pour le vol à vue VFR. Son expérience était de 1550 heures de vol. Le collègue qui devait l’accompagner ce jour là, était aussi pilote. Il avait licence de pilote privé qui lui permettait de voler aux instruments. Néanmoins, il avait rarement volé en conditions IMC et n’aimait pas le faire. Son expérience était de 2500 heures de vol.
La veille du départ, le premier pilote téléphone aux services météorologiques pour obtenir leurs prévisions le long de la route pour le lendemain matin. Les données qu’il reçoit sont alarmantes : ciel totalement couvert à partir de 1000 pieds, visibilité 3000 pieds dans la pluie et risques de neige. A ce stade, n’importe quel pilote souhaitant faire une navigation de plaisance aurait déprogrammé et cherché un autre loisir.
Le lendemain vers 6 heures du matin, le pilote rappelle pour obtenir les conditions réelles du jour. Il apprend que les nuages commencent à 1300 pieds pour former une couche continue dès 1800 pieds. Une forte humidité était présente dans l’air et les montagnes environnantes étaient noyées dans la couche. Le VFR était officiellement déconseillé.
Quand le Cessna commence à rouler à l’aéroport de Flagstaff en Arizona, les équipages des avions de ligne présents sont étonnés. Eux-mêmes dès leur décollage, ils disparaissent dans les nuages et subissent la givrage et les turbulences pendant une bonne partie de leur trajet.
Le monomoteur décolla et vira vers le sud. Cinq minutes plus tard, un officier de police qui était en embuscade au bord d’une autoroute vit un avion passer sortir des nuages et passer à très basse altitude. Il le suivit du regard et le vit disparaitre dans les arbres.
Les secours furent rapidement sur place mais ne purent que constater la mort des deux occupants. Se prendre les arbres avion de tourisme, c’est comme faire une sortie de route à 200 km/h en voiture et partir dans le décor. Les chances de survie sont très faibles.
Les pilotes victimes de l’accident. Ils avaient 47 et 58 ans
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Voila l Amérique un pays de liberté voire même une liberté périlleuse c est ainsi l Amérique à tes risques et périls