26 mai 2000 – 14 heures – Philippines – L’Airbus A330 du vol Philippines Airlines 812 était sur le point de commencer sa descente quand un passager quitta son siège de classe économique et s’avança vers le cockpit. Il portait une cagoule de skieur et des lunettes de natation. Dans sa main droite, il tenait un pistolet et de sa main gauche il brandissait une grenade rouillée dont il avait déjà retiré la goupille. Sans vouloir bafouer le principe de présomption d’innocence, l’équipage pensa qu’il avait affaire à un pirate de l’air. Un vrai.
Il menaça une hôtesse et demanda à être admis dans le cockpit séance tenante. Comme les pilotes refusaient d’ouvrir, il pointa son arme vers la porte et tira une balle au jugé.
– Nous allons tous mourir ensemble, annonça-t-il
Devant ce gage de sérieux, le commandant de bord décida de le laisser rentrer afin de parlementer avec lui.
Sa première demande fut que l’avion fasse demi-tour et revienne à son aéroport de départ, Davao. Les pilotes expliquèrent qu’il n’y avait plus que 7 tonnes de carburant et que cette quantité ne permettait pas de réaliser le trajet envisagé. Le pirate sembla réfléchir un petit moment puis à leur grande surprise, il demanda aux pilotes :
– Donnez-moi vos portes monnaies, vite !
Puis, aidé d’une hôtesse et du commandant de bord, il parcourut la cabine en collectant les porte-monnaie de tous les passagers et membres d’équipage, soit 290 en tout. En même temps, il commença à raconter sa vie en langue Cebuano. Par de courtes phrases où le verbe est mis en premier, il expliqua que sa famille était partie et que sa femme le trompait avec un agent de police.
Une fois arrivé tout à l’arrière de l’Airbus et la collecte achevée, le commandant de bord était devenu son confident, presque un ami. Il lui expliqua qu’il voulait sauter de l’avion et, de son sac à dos, il sortit un parachute de sa propre fabrication. Il était encore incomplet. Deux mois de travail pour préparer ce détournement et le parachute n’était pas encore fini. Il manquait des cordes pour retenir la voile.
Par acquis de conscience, le pilote démonta des rideaux et récupéra des cordes. Il aida le pirate à compléter son parachute.
C’était le moment de la séparation. Le copilote stabilisa l’avion à 6000 pieds à la vitesse la plus faible possible puis la porte arrière gauche fut ouverte. Le vent s’y engouffrait avec une telle puissance, que le pirate n’arrivait pas à avancer. Il demanda de l’aide.
Avec un mélange de soulagement et une pointe de mauvaise conscience, le commandant et l’hôtesse de l’air le poussèrent au dehors. Pendant quelques secondes, paniqué, il resta accroché à la porte comme chevauchant cet avion de 180 tonnes puis il se laissa tomber dans le vide. A l’intérieur, ne restait que son pistolet ainsi que l’une de ses chaussures renvoyée par le terrible courant d’air.
Porte par laquelle le pirate a sauté
Il n’était plus possible de refermer la porte. Elle resta ouverte jusqu’à l’atterrissage à Manille.
La police et l’armée se mirent immédiatement à la recherche de l’audacieux pirate. Le premier témoignage intéressant fut apporté en fin de journée par le chef d’une tribu locale. Son attention fut attirée par un avion qui faisait des cercles au-dessus de la jungle. Puis, il vit une personne sauter et ouvrir un parachute dont la voile se sépara une fois complètement déployée.
Ce n’est que le lendemain, vers 7 heures du matin, que le pirate fut localisé dans une zone de terre meuble. Il n’y avait que ses mains et ses poignets qui dépassaient du sol.