La mauvaise ergonomie de l’A300 fournit à la compagnie Taïwanaise une excuse rassurante qui évita toute remise en question des équipages. Une telle mesure était pourtant nécessaire comme le démontra encore une fois la perte d’un avion de même type dans des circonstances similaires.
Le vol 676, aujourd’hui 688, relie Bali à Taipei la capitale de Taiwan. Le lundi 16 févier 1998, peu après 20 heures, un Airbus A300 est en approche ILS sur la piste 05L. Le brouillard est dense et l’équipage suit une approche non stabilisée globalement dessus du plan de descente. A moins de 2 kilomètres du seuil de piste, appareil est à 1’500 pieds de hauteur, soit 1’000 pieds de trop. La déviation de l’aiguille du glide est maximale et le commandant de bord comprend qu’il n’y a plus moyen d’atterrir. La décision de remettre les gaz est prise comme c’est l’usage dans des cas pareils.
Les manettes des gaz sont poussées, le train d’atterrissage rentré et les volets réglés sur 20 degrés pour assurer une meilleure pente de montée. Mais alors qu’il n’y a aucun obstacle menaçant sur la trajectoire d’envol, le pilote tire de plus en plus sur le manche et se laisse même surprendre par la montée en puissance des réacteurs et le cabrage qu’ils induisent. En quelques secondes, l’avion se retrouve à 43 degrés de cabré. La montée se poursuit jusqu’à 2’700 pieds mais l’avion est énergétiquement déficitaire. Plus il monte, plus il perd de la vitesse. A son apogée, l’indicateur de vitesse n’affiche que 48 nœuds, soit un peu moins de 90 kilomètres par heure. L’appareil commence à tomber la queue en premier et s’écrase sur une zone habitée près de l’aéroport. Sept personnes sont tuées au sol ainsi que les 196 occupants de l’appareil.
La compagnie décida de revoir la formation de ses pilotes, mais jamais elle ne renoua avec la sécurité. Le 22 août 1999, le commandant de bord d’un MD-11 s’acharna à atterrir sur Hong Kong avec un vent de travers de 36 nœuds alors que la limite certifiée et connue de l’appareil est de 24 nœuds. Ce qui doit arriver arriva et le MD-11 toucha un réacteur, le train d’atterrissage se cassa et l’avion se retourna complètement sur la piste tuant deux passagers.
Le 25 mai 2002, c’est encore un désastre aérien qui frappe Taiwan. Un Boeing 747 se désintègre au niveau de vol 350 tuant ses 225 occupants. Les débris sont retrouvés sur une étendue de 120 kilomètres. Cette fois, ce n’est pas les pilotes de la compagnie qui avaient fauté, mais ses techniciens. L’arrière de l’appareil avait touché la piste lors d’un atterrissage brutal en 1980. La réparation fut réalisée à la légère et sans respecter les recommandations du fabriquant. C’est ainsi, que 22 ans plus tard, elle céda sous l’effet de la pressurisation et l’avion fut pulvérisé avant de toucher le sol. En 1985, un 747 de JAL fut victime d’un scénario similaire. Quand la réparation céda, il y avait 520 personnes dans l’appareil, il eut 4 survivants.