A près de 50 ans de part et d’autre, dans deux pays que tout oppose
on retrouve les mêmes images. Ici : le Miracle de l’Hudson, 2009
Ici : le Miracle de la Neva, 1963
Si vous allez raconter en Russie l’amerrissage de l’Airbus A320 dans l’Hudson, il y aura toujours un vieux général qui vous dira qu’un pilote soviétique a réalisé une prouesse comparable 46 ans avant le très capitaliste Sullenberger d’US Airways. C’était en 1963…
Le Tupolev 124 immatriculé CCCP-87541 (lire SSSR-87541 en roulant le R) réalisait un vol intérieur entre Leningrad et Talin pour le compte d’Aeroflot. La distance entre les deux villes est d’environ 320 kilomètres.
Lors de l’approche, le train d’atterrissage refuse de sortir. Un demi siècle plus tard, force est de constater que ceci n’a pas changé et que tous les jours on assiste à des incidents de trains d’atterrissage qui refusent de sortir. Ce qui a changé, ce sont les méthodes… Les pilotes s’arment de haches et attaquent le plancher du Tupolev sous les yeux des passagers. Leur but était de faire creusement pour atteindre la mécanique et libérer le dispositif manuellement.
Malgré les efforts de l’équipage et les dégâts consentis, le train demeure verrouillé. Il ne reste qu’à atterrir sur le ventre. Pour se donner le maximum de chances, l’équipage décide de revenir sur Leningrad, Saint-Pétersbourg aujourd’hui, parce qu’il y avait une longue piste en herbe idéale pour un atterrissage de ce genre.
Une fois de retour à Saint-Pétersbourg, les pilotes décident de faire des cercles au-dessus de la ville pour consommer le carburant restant et réduire les risques d’incendie à l’atterrissage. Les avions de ligne du gabarit d’un Tu-124 n’ont jamais de dispositif pour jeter le carburant en vol. La seule solution pour s’en débarrasser est de le consommer.
La décision est très bonne en soi mais il y avait encore un problème : les jauges de carburant étaient un trop optimistes. Alors qu’ils pensent avoir encore quelques minutes, les pilotes sont surpris par l’arrêt des moteurs. C’est sans appel. La piste est trop loin.
Le commandant de bord réalise un beau vol plané et vient se poser en douceur sur la rivière Neva qui traverse la ville. Des centaines de personnes assistent à la prouesse depuis les berges. Par contre, une fois posé, l’appareil commence à prendre l’eau très rapidement à cause de l’ouverture qui avait été pratiquée hors procédure par les pilotes.
Le Tupolev coule très rapidement, mais tout les occupants réussissent à en réchapper indemnes. C’est le miracle de la Neva !
Alors que le même incident à New York avait cristallisé les meilleurs sentiments de tout un pays, l’accident du CCCP-87541 restera secret jusqu’à la chute de l’URSS. Les responsables du parti unique avaient imposé une censure totale sur l’incident de crainte qu’il n’affecte les exportations du Tupolev.
Plein d’autres accidents arrivés en URSS ou ailleurs resteront cachés à jamais.
Récupération de l’appareil