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XL Airways Vol 888T: Crash d’un Airbus A320 au Large de Perpignan

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Un Airbus de Air New Zealande s’est ecrase au large de Perpignan avec 7 personnes a bord. D’eux d’entres elles sont confirmees mortes et 5 autres sont activement recherchees. L’appareil faisait un vol d’essai deux pilotes de nationalite allemande appartenant a la compagnie XL et 5 personnes, probablement des techniciens et/ou des observateurs. L’appareil etait immatricule en Allemagne sous D-AXLA et avait lors du crash une immatriculation de Nouvelle Zealande ZK-OJL pays dans lequel il devait etre exploite des le mois de decembre.

Il y aurait plusieurs temoins de ce crash. Selon eux, l’avion a brutalement quitte sa trajectoire d’approche et il est tombe d’environ 300 metres de haut.

 

Crash Airbus Air New Zealand - ZK-OJL - France - Perpignan
Accident aerien – France – 27 novembre 2008
 

 

D’apres d’autres temoins, l’avion aurait survole la ville de Perpignan a tres basse altitude en realisant un virage. Il se serait dirige vers la mer apres et puis a fait demi-tour pour se mettre dans l’axe d’approche de la piste 15 (voir carte). C’est au cours de l’approche qu’il s’est abime en mer.

Causes plausibles :
L’appreil finissait un vol de test qui avait dure deux heures. Deux pistes restent tres chaudes aujourd’hui :

– A-t-il etait victime d’une panne technique liee aux operations techniques qui ont justifie le vol d’essai ? Cette panne se serait manifestee lors de l’approche et pas durant les 2 heures de vol precedentes ?

– Les pilotes ont-ils pousse les essais un peu trop loin ?

Le BEA (Bureau d’Enquêtes et d’Analyses) a deja commence son enquete.


Article TF1 en attendant plus de nouvelles:

Un Airbus A320 néo-zélandais, avec 7 personnes à bord (et non cinq comme indiqué dans un premier temps), qui était en phase d’atterrissage à Perpignan, s’est abîmé jeudi en mer Méditerranée, au large du Canet-en-Roussillon. Toujours selon nos informations, le crash a été signalé aux secouristes par de nombreux riverains à 16h47.

“L’avion a coulé dans la mer, nous ne voyons plus que des débris. On nous a prévenus de la présence de 7 personnes à bord”, a expliqué à LCI.fr le capitaine Rigal du Codis 66. A 20h, deux corps sans vie avaient été repêchés, les cinq autres étant toujours portés disparus. Il s’agit de deux pilotes allemands et de cinq Néo-Zélandais. Le procureur-adjoint de Perpignan a estimé qu’il n’y avait “aucun espoir de retrouver des survivants”, indiquant que les recherches devaient s’interrompre vers 23h30 jeudi, pour reprendre tôt vendredi matin.

Une équipe d’enquêteurs sur place
Le plan rouge a été déclenché. La carcasse de l’avion d’Air New Zealand, qui s’était envolé de Perpignan, est à environ 6 km du rivage. Selon le directeur de cabinet de la mairie de Canet-en-Roussillon, des débris ont été retrouvés sur plusieurs centaines de mètres autour du point d’impact. Cinq bateaux de sauvetage en mer de la SNSM ont été mobilisés pour les recherches ainsi que deux bateaux de la gendarmerie maritime, un avion Atlantique 2 et un hélicoptère de la sécurité civile. Plus d’une centaine de pompiers et gendarmes étaient présents sur les lieux jeudi soir ainsi qu’une vingtaine de plongeurs.

Le secrétaire d’Etat aux transports Dominique Bussereau se rendra à Perpignan vendredi matin pour y rencontrer les secours, les autorités et des représentants de EAS Industries.

L’avion était en révision à Perpignan chez la société EAS. Il effectuait un vol d’essai circulaire depuis 1h30 lorsqu’il s’est abîmé en mer pour une raison inconnue. Une équipe de six enquêteurs français et deux enquêteurs allemands a été dépêchée sur les lieux de l’accident. L’appareil, construit en 2005, appartenait à la compagnie Air New Zealand mais la compagnie allemande XL Airways le gérait en leasing depuis deux ans.

 

Perpignan Rivesaltes carte d'approche AIP piste 33
Approche piste 33. C’est ce que l’avion realisait lors de son crash.
“le tour au dessus de la ville” tel que decrit par les temoins se trouve dans la procedure*.
 

 

L’avion realise ce virage a 3000 pieds puis descend vers 2000 pieds au passage du point 9.5 NM DME de PPG (VOR/DME de Perpignan 116.25 Mhz) alors qu’il s’eloigne au radial 106 de PPG. A ce point, il commence sa descente vers 2000 pieds mais aussi un virage a droite qui va le maintenir dans un arc 11 NM DME du VOR/DME PPG. La vitesse indiquee (IAS) maximale a la fin de cet arc est de 185 noeuds (kts). Cette vitesse permettra a l’avion de commencer a virer a droite encore quand il croise le radial 141 de PPG pour intercepter l’ILS de la piste 33 qui est orientee au 329 magnetique. L’approche a des contraintes en altitude et en vitesse et comporte des virages serres. Elle n’est cependant ni compliquee, ni dangereuse. Par contre, l’avion passe au-dessus de la ville quand il vire du 286 au 106 a une vitesse maximale de 220 noeuds. A ce moment, il est a 3000 pieds et ne peut pas etre, en temps normal, percu comme “bas” par les observateurs. L’avion s’est ecrase au-dessus de la mer, probablement dans la branche ARC/DME de 11 nautiques. A ce moment il devait evoluer a 2000 pieds en ralentissant vers 185 noeuds.

Metars autour de l’heure du crash :
LFMP 271800Z 28006KT 9999 -RA OVC033 06/04 Q1017 NOSIG
LFMP 271700Z 29006KT 9999 -RA OVC036 06/03 Q1017 NOSIG
LFMP 271600Z 30005KT 9999 FEW033 SCT043 BKN058 07/03 Q1018 NOSIG
LFMP 271500Z 28003KT 9999 -RA FEW033 BKN053 07/03 Q1018 NOSIG
LFMP 271400Z VRB02KT 9999 FEW033 BKN051 07/00 Q1019 NOSIG
LFMP 271300Z 00000KT 9999 FEW036 BKN050 BKN080 09/M02 Q1020 NOSIG
LFMP 271200Z VRB02KT 9999 FEW050 09/M02 Q1021 NOSIG

Cas similaire :
– Accident d’un DC-8 lors d’un vol d’essai aux USA

Décollage sans volets : Théorie et Exemples

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Les ailes des avions de ligne sont équipées de deux sets de surfaces mobiles. La première série se trouve à l’arrière, c’est les volets. Ils sont particulièrement visibles, surtout à l’atterrissage où les pilotes les déploient totalement ou presque. Les volets utilisés sur les avions de type Boeing ou Airbus sont des volets de Fowler. Littéralement de petites ailes qui sont reculées et braquées en même temps. En plus, sur les Airbus, le point neutre des ailerons externes est abaissé lorsque les volets sont sortis. Les ailerons participent aussi à l’hypersustentation.

Les volets Fowler, installés en bord de fuite, augmentent le coefficient de portance (Cz) à incidence égale. Mais fondamentalement, l’aile est la même et donc son incidence de décrochage reste la même (elle baisse même un tout petit peu). Donc à incidence égale, les volets de bord de fuite permettent d’obtenir plus de portance.

 

Airbus A318, volets, slats
Volets et slats bien visibles sur cet Airbus A318 en approche.
 

 

Lors du décollage, les volets permettent à l’avion qui évolue à des vitesses se situant dans le bas de son enveloppe de vol d’avoir assez de portance pour quitter le sol et continuer à accélérer en l’air.

Par contre, les volets génèrent beaucoup de trainée. Le Cx de l’aile est augmenté. La finesse de l’aile se dégrade et la pente de montée est d’autant plus faible que les volets sont sortis. Par ailleurs, lors du calcul des performances au décollage, les pilotes doivent toujours agir comme si un moteur allait tomber en panne au moment le plus critique. Si la vitesse de l’avion est trop élevée (après V1), il doit pouvoir continuer à accélérer et décoller en ayant une trajectoire lui permettant d’éviter les obstacles. La pente minimale à assurer avec un moteur en panne (N-1) varie en fonction de type d’avion et en fonction du segment dans lequel il se trouve. En clair :

– Pente initiale (définition: depuis la vitesse où les roues quittent le sol, donc Vlof, jusqu’au passage des 35 pieds de hauteur).
— Bimoteur : 0% (exemple: Boeing 737, Airbus A319)
— Trimoteur : 0.3% (exemple: Boeing 727, Tristar 1011)
— Quadrimoteur : 0.5% (exemple: Boeing 747, Airbus A340)

– Pente au 1er segment (définition: depuis le passage des 35 pieds, jusqu’à la rentrée du train d’atterrissage):
Aucune performance minimale n’est exigée. Ce 1er segment est le plus difficile à traverser. L’effet sol se termine et le train d’atterrissage est en cours de rentrée et provoque une trainée très pénalistante. Ici, les pilotes aplatissent la trajectoire en attendant la rentrée du train. La seul exigence : ne pas aller au sol. Lors du vol Air Algérie 6289, le commandant de bord avait maintenu 18 degrés de cabré au manche lors du premier segment. Il ne tenta même pas de rentrer le train d’atterrissage. Ceci se termina avec 102 victimes (lire ici).

La performance sur un moteur lors du premier segment limite, entre autres choses, la courbure maximale des volets que les pilotes peuvent utiliser pour le décollage. Par exemple, sur Boeing 737 la courbre maximale pour le décollage est de 15 degrés de volets. Une butée marque cette limite au niveau du levier d’actionnement des volets pour éviter un déploiement supérieur par inadvertance. Si celui-ci était quand même réalisé, l’avion pourrait décoller mais aurait une pente de montée sur deux moteurs très faible. Il pourrait même ne plus avoir de marge vis-à-vis des obstacles situés dans la trajectoire d’envol. De plus, en cas de panne moteur, la pente du premier segment serait négative et l’avion irait au sol. On ne connait pas de cas d’accident lié à une sur-utilisation des volet lors du décollage.

– Pente au 2ème segment (définition: de la rentrée du train au passage des 400 pieds sol):
— Bimoteur : 2.4%
— Trimoteur : 2.7%
— Quadrimoteur : 3.0%

Remarquez que c’est la première fois qu’on demande quelque chose à un bimoteur. Ceux-ci sont les plus pénalisés parce qu’il perdent la moitié de leur poussée en cas de panne moteur. A titre de comparaison, un Quadrimoteur ne perd que le 25% de sa pousseé sur une panne du même type.

– Pente au 3ème segment (depuis 400 pieds)
La pente doit être positive ou nulle et l’avion doit avoir une capacité d’accélération.

– Les slats:
Ces dispositifs sont situés à l’avant de l’aile et passeraient presque inaperçus. Pourtant, ils sont plus importants que les volet de bord de fuite ! En effet, si les volets de Fowler se contentent d’augmenter la portance à toutes choses égales, les slats (dits aussi “becs de bord d’attaque”) sont les SEULS à augmenter l’incidence du décrochage. C’est-à-dire de permettre à l’aile de voler à une incidence plus élevée sans décrocher.

Les slats sont totalement déployés à l’atterrissage et au décollage. Il existe une procédure d’urgence pour atterrir sans les slats en adoptant des vitesses très élevés. Par contre, il est impossible de décoller sans les slats.

Décollage avec volets en courbure insuffisante :
De temps à autre, il est reporté un incident avec des avions tentant de décoller avec des volets en position insuffisante pour les conditions du jour. Il s’agit typiquement d’erreur d’entrée de masses qui finissent par donner des vitesses trop faibles et des positions de volets insuffisantes.

Dans ce cas, l’occurrence la plus probable est le tail strike. Quand ils ont atteint la vitesse de rotation (Vr), le pilote en fonction tire sur la manche pour cabrer l’avion. L’appareil se cabre effectivement, mais il ne s’envole pas tout de suite. Le pilote a tendance à cabrer encore plus et la queue d’appareil touche la piste en provoquant une gerbe d’éteincelles et des vibrations monstres en cabine. Aérodynamiquement, les ailes ne sont pas en décrochage, mais au Cz qu’elles affichent, la vitesse ne donne pas assez de portance pour soulever l’avion. Le contrôle latéral est suffisant et l’avion finit par quitter le sol. Le cabré est élevé et il se réduit au fur et à mesure que la vitesse augmente. Il s’agit d’un incident grave.

Exemple: le matin du 10 décembre 2006, un Boeing 747-400 (F-HLOV) de Corsair tente de décoller depuis Paris-Orly vers les Antilles. Normalement, les pilotes utilisent deux ordinateurs portables (BLT pour Boeing Laptop Tool, offerts si vous achetez un Boeing 🙂 pour calculer les performances au décollage. L’un d’eux est éteint pour un problème de batterie. L’autre est sur batterie également puis est éteint par inadvertance. Quelques distractions techniques font que le commandant de bord se trompe de 120 tonnes sur la masse au décollage. La Vr calculée est de 127 noeuds au lieu de 159 noeuds !

Lors de la rotation, l’avion touche la queue et laisse une trainée noire sur 80 mètres ! Des chasseurs inspectent visuellement l’appareil puis du fuel est jetté en vol et le 747 revient au terrain.

Lors du décollage, les pilotes ont des réflexes qui forcent le respect. Au premier signe d’anomalie (vibreur de manche), les manettes de gaz sont poussées à fond et l’assiette baissée à 11 – 12 degrès le temps que l’appareil accélère à 166 noeuds et c’est seulement là qu’il prend son envol.

La performance des pilotes est impressionnante. Il ne faut pas se tromper dessus : tant qu’il y aura des pilotes, il y aura des erreurs humaines. Là, les pilotes font preuve d’un sang froid exceptionnel et rattrapent le coup en réalisant les bons gestes, au bons moments et dans la bonne proportion. A titre de comparaison, vous pouvez voir la réaction des pilotes du TWA 843 en une situation similaire en cliquant-ici.

Décollage sans slats :
Les slats sont activés dès la première position de la manette des volets. Sur la majorités des avions de ligne, ils ont 1 à 3 positions de sortie.

Exemple Airbus A320 :
Manette sur 0 : volets 0 / Slats 0
Menette sur 1 : volets 0 à 10 / slats 18
Manette sur 2 : volets 15 / Slats 22
Manette sur 3 : volets 20 / slats 22
Manette sur FULL : volets à 35 / slats à 27

Sur tous les avions, la seule manière d’avoir 0 slats est de laisser la manette des volets sur 0. Dès que celle-ci est bougée, même sur son premier cran, on a un déploiement significatif des slats.

Une tentative de décollage sans les slats se solde toujours par un crash. En fait, l’avion accélère et il se cabre normalement lorsque le manche est tiré. L’incidence de l’aile augmente et celle-ci décroche. La trainée augmente de manière significative et la vitesse augmente peu ou pas à partir de ce point. Le contrôle latéral est perdu et le vibreur de manche est activé ainsi que les alarmes auditives de décrochage. Sur les avions qui en sont dotés (comme le MD-80), les slats se déploient automatiquement. Ce déploiment est trop lent pour empêcher la sortie de piste et le crash.

Il existe bien sûr des alarmes de configuration envoyant une puissante alarme si la configuration de décollage n’est pas correcte alors que les manettes des gaz sont poussées. Par contre, il peut arriver, et c’est déjà arrivé, qu’une telle alarme ne soit pas opérationnelle.

Exemples :
– Northwest 255 :
— date : 16 août 1987
— avion : MD-82 / N312RC
— occupants : 155
— Bilan : 154 + 2 personnes sol
— Lieu : Detroit Metropolitan, Michigan
— Synopsis : Après la rotation, l’appareil ne s’élève pas. Il s’incline à droit et à gauche de 35 degrés environ et puis sort de la piste. Il s’écrase sur un parking provoquant la mort de deux personnes au sol en plus de 154 sur 155 occupants. Les pilotes avaient oublié de sortir les slats/volets et le système d’alarme n’était pas alimenté en courant (on ne saura jamais pourquoi).

Le seule survivant est une enfant de 4 ans qui était assise à la place 8F. Elle fût brûlée au troisième degrés sur plus de 30% de son corps.

 

Trajectoire du Northwest 255
Le MD-82 de Northwest finit la piste et s’écrasa dans la prolongement de celle-ci sans savoir pris de la hauteur.
 

 

 

Débris Northwest 255
Débris du NWA 255. On reconnait une partie du nom de la compagnie ainsi que le train avant.
 

 

– American Airlines vol 191
— date : 25 mai 1979
— avion : DC-10-10
— occupants : 271
— Bilan : 271
— Lieu : O’Hare International Airport, Chicago
— Synopsis : lors du décollage, le réacteur 1 s’arrache et bascule par dessus l’aile. Il arrache des circuits hydrauliques alimentant les slats. Ceux-ci se rétractent et l’aile gauche décroche provoquant la perte de contrôle de l’appareil qui s’écrase en bout de piste. Cet accident est traité en détail ici.

 

American Airlines vol 191 crash
La rentrée des slats sur l’aile gauche provoque le décrochage
de celle-ci et le DC-10 se retrouve sur la tranche.
 

 

– British European Airways Flight 548 (BEALINE 548)
— date : 18 juin 1972
— avion : Hawker Siddeley Trident 1C (triréacteur d’environ 60 tonnes)
— occupants : 118
— Bilan : 118
— Lieu : Après le décollage de London Heathrow. L’avion est vers les 1800 pieds en montée quand un des membres d’équipage rétracte les slats par erreur. L’appareil tombe pratiquement à plat ne laissant pas la moindre chance de récupération.

 

Hawker Siddeley Trident
Hawker Siddeley Trident. On en trouve plus des masses de nos jours.
 

 

 

crash Trident Londres
L’avion est tombé presque à plat. Remarquez la faible distance entre les ailes et l’empennage.
 

 

Spanair 5022 ?
Aujourd’hui, d’après les informations disponibles, la voie des volets/slats rentrés semble très plausible. Elle est même facile à vérifier. En effet, les volets fonctionnent avec un système mécanique de visse sans fin. Celle-ci sera trouvée dans les décombres et la position réelle des volets au décollage déterminée.

Irak: Crash puis destruction d’un C-130H de l’armée US / Reportage photos

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Le 27 juin 2008, cet appareil de type Hercules C-130H décolle de l’aéroport international de Bagdad et entame une montée vertigineuse (encore plus que ce qu’ils font chez Austrian)pour échapper aux éventuels tirs depuis le sol. Quelques minutes plus tard, il connait une panne moteur qui contraint l’équipage à faire demi-tour. La nature exacte de la panne n’est pas divulguée par l’armée US, mais comme ce quadrimoteur n’arrive pas à tenir en l’air, on peut supposer qu’il n’a pas été possible de mettre en drapeau le moteur défaillant. En regardant bien les photos, on constate qu’aucun des moteurs n’a son hélice en drapeau.

Une hélice qui mouline dans le vent relatif crée un une trainée importante qu’il n’est pas possible de vaincre avec les moteurs restants. Le variomètre restera négatif et en divisant la hauteur restante par le taux de descente, on obtient le temps de vol restant. Si un aéroport ne peut pas être rejoint, il vaut mieux choisir soi même un terrain plat s’apprêtant à un atterrissage de fortune.

A vitesse réduite, volets sortis, proche du sol (effet sol), un quadrimoteur peut tenir avec une hélice qui mouline à condition qu’il ne soit pas trop chargé et que le reste de ses propulseurs soient capables de donner le meilleur d’eux même.

Dans le cas précis, l’avions était chargé et la seule option possible était l’atterrissage. La manœuvre fut réalisée à environ 10 km de l’aéroport de Bagdad. Après le toucher, les trains d’atterrissage sont enfoncés ou arrachés et l’appareil glisse sur 600 mètres creusant une ornière dans le sable. Le plancher s’éventre et l’espace vital est envahi par une fine poussière qui a failli faire suffoquer les occupants qui réussissent à ouvrir un issue de secours.

Contrairement à ce qui se passe près de chez-vous, en Irak les issues de secours ouvrent sur un monde hostile et dangereux. Les locaux n’hésitent pas à massacrer les éventuels survivants de crashs aériens civils ou militaires.

La suite en images :

 

Crash C-130 US Air Force, Iraq
Il est 12:22, l’avion vient de s’immobiliser. Les 5 occupants n’ont pas le temps de d’apprécier leur nouvelle vie.
Ils se groupent à distance de l’appareil et attendent les secours en scrutant autour d’eux.
 

 

Crash C-130 US Air Force, Iraq
La police locale est la première sur place, mais la confiance n’est pas de mise. Le CSM (Company Sergeant-Major) va à leur rencontre alors que les autres restent sur la défensive.
Remarquez la légèreté de l’armement.
 

 

Crash C-130 US Air Force, Iraq
Des renforts arrivent et commencent à récupérer le matériel sensible et les documents encore à bord.
 

 

Crash C-130 US Air Force, Iraq
Désordre et poussière. Remarquez comme le plancher remonte vers le haut.
 

 

 

Crash C-130 US Air Force, Iraq
Le plancher est cassé et enfoncé vers l’intérieur.
 

 

 

Crash C-130 US Air Force, Iraq
L’avion a creusé une saignée sur 600 m de long.
 

 

 

Crash C-130 US Air Force, Iraq
Le train d’atterrissage principal est enfoncé. Le train avant a été arraché.
 

 

 

Crash C-130 US Air Force, Iraq
Le train avant a été arraché.
 

 

 

Crash C-130 US Air Force, Iraq
Photo souvenir des survivants qui permet de voir que les moteurs 2 et 3 n’ont pas leur hélice en drapeau.
 

 

 

Crash C-130 US Air Force, Iraq
L’appareil était basé à Fort Bragg (Pope, KPOB) en Caroline du Nord. Ceci est la base des Forces Spéciales et des Forces Aéroportées US.
 

 

 

Crash C-130 US Air Force, Iraq
Ce qui reste du C-130 est traité à l’explosif. Sept morceaux résultants seront enlevés par des camions semi-remorques.
 

 

Le point sur le crash du Vol Spanair – Pistes techniques et Places des survivants

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Alors que les autorités annoncent que certains corps ne seront peut être jamais identifiés, la justice espagnole vient d’ordonner un black out total sur l’information lié à cet accident.

Les survivants:
Il y a eu 18 survivants qui étaient tous assis à… l’avant. Le journal Britanique “The Telegraph” a déterminé la position de quelques survivants:

 

Places des survivants
Places des survivants
Ceux-ci étaient assis à l’avant vers un point de cassure. Ils ont été projetés loin du reste de l’avion qui s’était immédiatement embrasé. Le seul membre de l’équipage qui a survécu est une hotesse de l’air de 27 ans. Elle était normalement assise à l’arrière mais elle avait pris une place à l’avant cette fois.

Le bilan actuel s’établi à 154 victimes après qu’une femme de 31 ans souffrant de brûlures sur 72% de son corps soit décédée à l’hôpital.

Les pistes actuelles:
Les enquêteurs considèrent les pistes suivantes pour le moment
– Panne non contenue d’un réacteur qui aurait causé des dommages sur la gourverne de direction et de profondeur. Comme les réacteurs sont tout à l’arrière sur le MD-82, une panne non-contenue à leur niveau projete des débris sur des parties vitales pour le contrôle de l’appareil. Selon ce scénario, les pilotes se seraient retrouvés au même moment avec un déficit de puissance et un déficit de contrôle à un moment critique. Pour le moment, cette théorie n’est pas corroborée par les enregistrements vidéos qui ne montrent aucune explosion sur l’avion.

– Un des réacteurs a été retrouvés avec son dispositif d’inversion de poussée ouvert. Pour le moment, on ne sait pas si cette ouverture est due au crash, où si elle est survenue avant. Plusieurs dispositifs de sécurité interdisent l’ouverture d’un dispositif d’inversion de poussée, mais si ceci arrive, c’est la perte de contrôle assurée. Ceci est arrivé une fois chez Lauda Air, le vol 004 qui se termina avec la perte de contrôle de l’appareil et un bilan très lourd de 223 tués.

– L’appareil n’avait pas assez de puissance pour décoller. D’après la presse locale, il aurait dépassé de 500 mètres le point habituel de décollage pour ce type d’appareil. Ce manque de puissance pourrait s’expliquer par un problème sur la sonde de température qui avait déjà été la source d’un premier décollage avorté.

Crash du vol Itek Air EP6895 – IRC6895 – Panne de 2 moteurs ?

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Il est très difficile de traiter les accidents survenus dans certaines parties du monde parce que les informations techniques sont rarement disponibles. Au dela de la première couverture médiatique, ces accidents tombent très vite dans l’oubli et les autorités locales donnent peu ou pas de suites techniques en regard de la gravité du crash.Hier, le 24 août 2008, un crash important a eu lieu dans le Kirghizstan. Voici ce qu’on sait aujourd’hui, avec réserves:

Compagnie: 
Itek Air, Interdite de vol par l’Union Européenne (mais qui de toute manière ne vient jamais en Union Européenne).

L’Avion: 
Boeing 737-219Adv immatriculé EX-009 et fabriqué en 1979. Il est mis en ligne chez Air New Zealand sous l’immatriculation ZK-NAS. Il fait des vols loacaux et vers l’Australie pendant près de 15 ans puis il est retiré du service et reste à rouiller pendant quelques mois. Puis, comme c’est souvent le cas, comment une nouvelle vie pour lui où il ira de compagnie pauvre en compagnie plus pauvre encore. Le paradoxe aujourd’hui est que les avions vieillissant se retrouvent chez les exploitants qui sont les moins à même de faire face aux frais croissants de la maintenance. Autre aspect important, c’est l’évolution de la législation dans les pays riches qui va de facto rendre certains avions hors circuit. Ceux-ci se retrouvent naturellement dans des pays où les lois et les réglementations permettent de les faire voler encore.

Ce 737 se retrouve chez COPA, la compagnie nationale du Panama. En 2003, il descend encore une marche et il est exploité par Phœnix Aviation. Cette entreprise basée aux Emirats Arabes Unis exploite actuellement 8 Boieng 737-200 et deux transporteurs stratégiques lourds de type Ilyushin Il-76TD. Elle réalise des vols vers le Kyrgyzstan, le Pakistan et d’autres régions de l’Asie centrale. A la demande du gouvernement Britanique, Phoenix Aviation est dans la liste noire de l’Union Européenne.

En 2006, cet appareil se retrouve chez Itek Air. Cette compagnie du Kyrgyzstan vole vers la Chine, la Russie et l’Iran. Elle possède 2 appreils. Les deux sont des Boeing 737-200.

 

Itek Air - Boeing 737-200
L’avion impliqué dans l’accident date de 1979. Cette photo le montre au milieu des années 90
après sa fin de service chez sa première compagnie.
Le vol prévu:
Le vol devait relier Bishkek, la capital du Kyrgyzstan, à Téhéran, la capitale de l’Iran.
Il était réalisé pour la compagnie Iranienne Aseman Airlines d’où les deux numéros de vol.

Personnes à bord:
– 83 passagers dont 59 étranger de l’Iran (52), Kazakhstan (3), Canada (2), Chine (1), Turquie (1)
– 2 Pilotes / 4 PNC
– 1 représentant du Ministère des Transports local

Bilan:
– 65 morts confirmés
– 3 disparus présumés morts
– 18 blessés hospitalisés dont 3 dans un état grave
– 4 blessés ont reçu des soins sur les lieux du crash et sont rentrés chez eux par leurs propres moyens

Il n’y a aucun survivant parmi le personnel de la compagnie.

La météo:
Voici les METARs émis pour le terrain de départ le jour du crash. Le vent est en MPS (mètres par seconde). Il y a eu juste quelques précipitations et orages plus tôt dans la journée, mais vers la période du crash, la météo est calme.

UAFM 241600Z 16004MPS 6000 BKN166 25/07 Q1012 NOSIG
UAFM 241530Z 16003MPS 060V170 7000 BKN166 26/07 Q1012 NOSIG
UAFM 241500Z 12003MPS CAVOK 27/06 Q1012 NOSIG
UAFM 241430Z 10003MPS CAVOK 27/07 Q1012 NOSIG
UAFM 241400Z 08003MPS CAVOK 27/08 Q1012 TEMPO VRB12MPS TSRA
UAFM 241330Z 09003MPS CAVOK 29/08 Q1011 TEMPO VRB12MPS TSRA
UAFM 241300Z 36002MPS 9999 BKN066CB OVC166 31/06 Q1011 TEMPO VRB12MPS TSRA

Le crash:
On ne sait pas grand chose sur les causes. Ce qui est sûr c’est que le commandant de bord a contacté la tour de contrôle et avait commencé un retour vers le terrain. Les autorités locales parlent d’une alarme pressurisation alors que l’appareil passant les 1000 mètres de hauteur. Cette alarme avait donné lieu à la décision de revenir sur le terrain. Par contre, lors du retour, il n’est pas impossible qu’une panne moteur ou autre défaillance technique plus grave se soit déclarée. Les pilotes ont décidé d’atterrir dans un champ, mais l’appareil s’est cassé et a pris feu lors de l’impact. Le Boeing 737 n’a pas de dispositif pour se débarrasser du carburant avant un atterrissage de fortune.

Le vol était parti à 20:30 locale, donc de nuit, et il s’est écrasé à 10 Km du terrain environ. Les premiers secours ont été apportés par une base militaire US puis par les équipements locaux.

Panne de 2 moteurs ? 
D’après un survivant, l’avion était devenu totalement silencieux dans ses dernières minutes de vol. Il s’agirait peut être d’une panne de deux moteurs ce qui expliquerait pourquoi l’équipage a été obligé de poser sur un champ au lieu de rejoindre l’aéroport. Les pannes de deux moteurs sont rares. Elles viennent le plus souvent d’une cause commune comme l’erreur de maintenance ou l’erreur de la part des pilotes.

 

Itek Air - Boeing 737-200
reste de l’appareil sur le champ où il s’est écrasé. L’endroit semble avoir été bien choisi pour un
atterrissage de fortune mais l’obscurité n’a pas simplifié la manoeuvre. L’atterrissage a été trop dur provoquant la casse et puis l’incendie.
 

 

 

Itek Air - Boeing 737-200
les dégâts occasionnés par le feu sont très visibles. On reconnait les arcs de l’ancien logo de COPA Panama.
 

MAJ 2014: on ne sait pas toujours pourquoi cet avion s’est écrasé. On ne le saura peut-être jamais. Je mets « pannes mécaniques » pour la catégorie mais c’est sans conviction.

 

Spanair vol JKK5022 / LH2554 – La panne avant le décollage – EPR

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On en sait plus aujourd’hui sur la panne qui a provoqué deux heures de retard sur le départ du vol de Spanair qui s’est tragiquement terminé ce mercredi 20 août 2008. Cette panne est très intéressante parce qu’elle pourrait avoir joué un rôle dans l’accident.

Les réacteurs du MD-82 sont pilotés par des instruments indiquant l’EPR (Engine Pressure Ratio). Cette valeur est le rapport entre la pression totale à la sortie de la tuyère (Pt8) et la pression totale à l’entrée du compresseur (Pt2). On a donc :

EPR = Pt8 / Pt2

Autre définition moins utilisée par les pilotes, l’EPR est aussi le produit des EPRs individuels du compresseur, chambre de combustion, turbine et tuyère, soit:

EPR = (Pt8/Pt2) = (Pt3/Pt2) x (Pt4/Pt3) x (Pt5 /Pt4) x (Pt8/Pt5)

A l’arrêt, la pression totale à l’entrée et à la sortie du réacteur est pareille et l’EPR affiché par les instruments est de 1. Quand un réacteur est lancé, il crée un différentiel de pression entre l’avant et l’arrière (c’est l’origine de la poussée) et l’EPR augmente.

Les pressions Pt2 et Pt2 sont mesurées par des sondes et envoyées à un appareil qui réalise le calcul de l’EPR. L’altitude et la vitesse sont automatiquement compensées par la conception même du système. Par contre, la température n’est pas corrigée et a besoin d’être mesurée et fournie dans la chaine de calcul pour l’élaboration d’un EPR correct.

Une panne d’une sonde de température :
Lors des premiers départs, une sonde de température tombe en panne. Elle indique tout le temps une valeur de 99 degrés C. En pratique, ceci se manifeste par un EPR maximal réel de 1.38 La valeur nécessaire pour le décollage est de l’ordre de 2. Pour cette raison, les pilotes n’ont pas pu réaliser le premier décollage.

Si la réparation n’a pas été correctement réalisée, l’avion repart avec toujours avec une fausse indication de température au niveau des systèmes chargés de l’élaboration de l’EPR et de la conduite des réacteurs. A ce moment, même si les manettes sont poussées à fond, les réacteurs tourneront à une puissance limitée. Celle-ci peut suffire pour réaliser une accélération, mais au moment où l’avion se cabre pour la rotation, sa vitesse n’augmente pas et il a tendance à décrocher et à retomber vers le sol. Ceci s’accompagne également d’une perte de contrôle latéral.

Est-ce ceci qui est arrivé dans le vol Spanair ? L’enquête le dira très vite.

MAJ Jan 2014 : L’accident a eu lieu parce que l’équipage a tenté un décollage sans volets (par oubli). La compagnie n’a pas survécu au crash. En janvier 2012, elle cessait ses opérations.

 

Spanair vol JKK5022 / LH2554 – Crash au décollage / Vidéo sur les lieux du crash

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Quelques jours après le crash du MD-82 de Spanair, peu d’informations techniques sont disponibles. Par contre, on sait que cette compagnie opérait dans un contexte très tendu. Créée en 1988, elle appartient à 94% au groupe SAS Scandinavian qui cherchait à la vendre suite aux lourdes pertes qu’elle réalisait. L’échec de la vente a débouché sur un plan social visant à réduire la voilure et se séparer de 1000 employés. Le SEPLA, le syndicat espagnol des pilotes de ligne, parlait il y a eu de “chaos organisé” au sein de Spanair. Ces mots ont aujourd’hui un gout bien particulier en regard de la tragédie ci-jointe.

 

Routes de Spanair
Routes de la compagnie Spanair.
 

 

Dans les premières heures, les médias ont parlé de crash à l’atterrissage après une procédure de retour au terrain. On sait aujourd’hui qu’il n’en est rien. L’accident a eu lieu lors du décollage. L’appareil avait annulé un premier départ et était revenu au tarmac pour corriger un problème de “surchauffe sur une prise d’air”. Selon les autorités, ce problème n’a pas eu d’impact direct sur le crash, mais il avait provoqué 2 heures de retard et probablement pas mal de stress chez l’équipage et les passagers.

D’après la presse locale, des passagers auraient même demandé à descendre. L’un d’eux, mort dans le crash, aurait envoyé un SMS engoissé à sa famille leur disant qu’il souhaitait descendre mais qu’il n’a pas été autorisé à le faire.

 

MD-82 de Spanair
MD-82 EC-HFP qui s’est écrasé le 20 août 2008 au décollage de l’aéroport de Madrid Barajas.
 

Une explosion ?
Les témoins ont parlé d’explosion. Par contre, il ne faut jamais prendre ce genre de témoignages à la lettre. Est-ce qu’ils ont entendu l’explosion quelques secondes avant le crash ? Ou bien quelques secondes après ? Très difficile à dire avec certitude. Par contre, les enregistreurs de vol (DFDR et CVR) ont été trouvés et si explosion il y a eu, elle serait clairement audible dans le CVR. (MAJ 2014: il n’y a pas eu d’explosion)

D’après les caméras de sécurité de l’aéroport, il n’y a pas eu d’explosion d’un moteur. Donc pas de panne moteur non contenue à ce point de nos connaissances. Mais des bruits puissants et sourds peuvent également provenir d’un décrochage de compresseur, du décrochage d’une aile ou d’un impact contre le sol.

Le crash et la survavibilité
Juste après la rotation, l’avion s’est fortement penché à droite et l’aile a touché le sol. A l’impact, la queue s’est séparée et c’est probablement à cet endroit qu’il y a eu le plus de survivants. La piste est longue et dégagée. L’avion n’a heurté aucun obstacle et il est tombé de sa propre hauteur seulement. Dans ce genre de cas, les forces d’impact n’atteignent pas des valeurs létales pour la majorité des passagers. Des crashs pareils, sans le feu, laissent presque 100% de survivants. Par contre, il y a eu destruction des réservoirs et l’avion s’est transformé en boule de feu probablement avant même l’arrêt complet.

En effet, lors de l’impact avec le terrain le train d’atterrissage sorti, ce dernier traverse les ailes de bas en haut et perce les réservoirs.

L’accident a fait 153 morts et 19 survivants. Pour les 153 victimes, des tests ADN sont en cours pour déterminer l’identité de la majorité d’entre eux. Envion 50 ont pu être identifiés par leurs empruntes digitales. Parmi les survivants, 4 sont dans un état critique et 6 dans un état jugé sérieux. Dix survivants seraient moins atteints.

Au sujet des pannes moteur :
Le MD-82 est bi-réacteur de transport civil. Ses deux moteurs sont installés à l’arrière tout près du fuselage. Une panne moteur occasionne moins de problèmes de contrôle que ce qui serait constaté sur un avion ayant ses réacteurs sous les ailes.

En tous les cas, un bimoteur est capable de voler et d’atterrir en utilisant un seul moteur. Les équipages sont régulièrement entrainés pour ce genre d’éventualités.

Il existe deux types de pannes moteur:
– Les pannes contenues: dans ce cas le réacteur tombe en panne pour une raison donnée, mais reste intact ou à peu près intact. C’est le cas type qui est utilisé lors de la formation des pilotes.

– Les pannes non contenues: le réacteur explose et des pièces peuvent être projetées contre le fuselage et contre d’autres éléments vitaux de l’avion. Les pilotes sont donc confrontés à une perte d’un moteur mais suivi très rapidement, si ce n’est immédiatement, par d’autres pannes plus ou moins importantes. Il y a des cas où la perte d’un réacteur a été suivie par des fuites hydrauliques et à terme une perte partielle ou totale du contrôle des surfaces de vol. Dans le cas de cet accident, les témoins parlent d’explosion et il est donc probable qu’il s’agisse d’une panne non contenue.

Que s’est-il passé ?
A ce stade, très peu d’éléments sont connus. Par contre, on peut toujours tirer des similitudes avec des cas connus et bien documentés. Plusieurs options sont possibles :

1 – Panne moteur non gérée : nous serions dans un cas voisin de celui de l’Air Algérie 6289 où une banale panne moteur se transforme en crash parce que personne ne fait les bons gestes. Ceci est très peu probable vu les circonstances. Le MD-82 a deux réacteurs à l’arrière et en cas de panne, même avec des pilotes totalement passifs, il aurait pu s’élever et s’écraser plus loin.

2 – Panne de deux réacteurs : très peu probable aussi. En tous les cas, ceci supposerait une cause commune. Comme on peut exclure le givre, il reste les oiseaux (non observés dans ce cas), la contamination de carburant (pas possible) ou l’erreur de maintenance. Dans le cadre de la maintenance, le vol Eastern 855 a eu 3 réacteurs en panne sur 3. Par contre, ils ne sont pas tombés en panne au même moment.

3 – Décrochage au décollage : suite a oubli de volets par exemple. Mais il y a des dispositifs qui empêchent cela. (<<< Mise à jour 2014 : c’est ce problème qui a causé le crash)
 

 



Air France 7775 – Décollage en conditions givrantes

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Le NTSB le répète chaque année : aucune quantité de givre déposée sur les ailes ne doit être considérée comme sûre pour le décollage. Pourtant, chaque hiver apporte son lot d’accidents aux scénarios similaires. L’étude de ce crash du vol Air France 7775 le 25 janvier 2007 est encore basée sur un rapport préliminaire du BEA. Par contre, l’issue de l’enquête technique ne fait aucun doute.

A 10:37 l’appareil, un Fokker 28-100, arrive à Pau à l’issue d’un vol normal depuis Paris Charles de Gaule. Immédiatement, commencent les préparatifs pour le vol suivant. Un retour sur Paris avec 50 passagers.

Durant toute la matinée, la neige tombe sur la région. La température est de 0 degrés avec un point de rosée à -0.2 degrés seulement. Dans ces conditions, beaucoup d’humidité est présente dans l’air. La visibilité prévalente est de 900 mètres même si la RVR des pistes 13/31 est de l’ordre de 1500 mètres. Un vent faible favorise l’apparition de bancs de brouillard. Un SIGMET signale un givrage sévère qui va du sol à environ 9000 pieds d’altitude.

Les avions, même au sol, n’échappent pas au givrage. La carlingue est froide, surtout pour un appareil qui vient d’arriver. Quand les gouttes d’eau entrent en contact avec le métal, elles gèlent et y restent collées. La rugosité de l’aile augmente même si les formations ne sont pas visuellement frappantes. D’après les recherches du NACA, une couche de glace de 3 dixièmes de millimètre d’épaisseur couvrant 5 à 10% de la surface de l’aile peut provoquer jusqu’à 6 degrés de baisse de l’incidence de décrochage. Au sol, une aile peut être du coté d’une sortie APU, ou proche d’un immeuble dégageant de la chaleur et pas l’autre. Ceci peut provoquer une accumulation non symétrique à droite et à gauche de l’avion. Les performances des deux ailes seront donc différentes.

Un Airbus A320 qui décolle juste avant le Fokker (4 minutes) bénéficie d’un dégivrage à l’aide de produit Ecowing 26 dispensé depuis une nacelle mobile. L’équipage du vol 7775 ne demande pas ce service.

Le Fokker s’aligne sur la piste 13 à 11:24 et la poussée de décollage est affichée. L’appareil commence à accélérer normalement. La présence de givre ne joue pas de rôle significatif durant cette phase. Quelques secondes plus tard, le copilote annonce V1 et immédiatement VR comme c’est l’usage sur les avions de cette taille. Au badin, 128 nœuds sont affichés. Le commandant de bord commence à tirer sur le manche et l’avion se cabre en prenant de plus en plus de vitesse. Quand l’assiette est de 15 degrés, la vitesse est de 144 nœuds mais l’incidence atteint déjà les 12 degrés.

L’appareil, qui fait presque 24 mètres d’envergure, commence à monter juste grâce à l’effet sol. Quelques secondes plus tard, c’est le décrochage. La radiosonde enregistre une hauteur maximale de 107 pieds.

Coté pilotes, tout se passe très vite. Le commandant de bord sent l’avion se cabrer et immédiatement après commencer à pencher brutalement sur la gauche. L’aile touche la piste malgré une correction énergique. L’alarme « bank angle ! » retentit dans le cockpit. L’avion, instable, passe à 67 degrés d’inclinaison à droite puis 59 degrés à gauche.

L’indication radiosonde commence à diminuer. L’alarme GPWS « dont sink ! » est entendue. Celle-ci, qui correspond à une perte de hauteur après le décollage, est l’une des alarmes les plus inquiétantes que l’on puisse entendre à bord d’un avion. Le Fokker retombe brutalement puis rebondit. Les pilotes ont la présence d’esprit de fermer les gaz. L’appareil plane pendant 4 secondes puis retombe sur le sol avec une vitesse de 163 nœuds et, heureusement, les ailes parfaitement horizontales.

 

Crash Air France vol 7775 - Pau
Vue du réacteur droit.
 

 

La piste de 2500 mètres est épuisée et l’avion commence sa course folle dans les champs. Dans sa trajectoire, il y a une route nationale décaissée de 4.6 mètres. L’avion la franchit alors que son train d’atterrissage déchire la cabine d’un camion qui passait. Le conducteur est tué.

Les trains d’atterrissage se cassent, les moteurs sont endommagés par les projections et la glissade continue sur environ 535 mètres. Une chance pour les occupants, il n’y a que des terrains labourés autour du terrain de Pau.

 

Crash Air France vol 7775 - Pau
L’aile gauche a touché la piste lors du décollage.
 

 

Le Fokker s’arrête enfin et une évacuation est ordonnée. Une partie des occupants descendent par les portes avant et les autres par l’issue de secours de située au-dessus des ailes. Ces derniers, n’ont pas été vers le bord de fuite comme indiqué par les flèches, mais se sont éparpillés dans tous les sens. Certains sautant par-dessus le bord d’attaque et d’autres marchant jusqu’à l’extrémité de l’aile. L’avion est détruit au-delà de toute réparation. Il n’eut pas d’incendie.

 

Crash Air France vol 7775 - Pau
Les flèches indiquent le cheminement en cas d’évacuation.
 

 

Lire aussi :
– Givrage et Jets Privés. Un accident en tout points similaires s’est produit à Birmingham le 3 janvier 2002. Un jet de type Challenger 604 non dégivré a décroché lors du décollage. Tous les occupants ont été tués.

Sortie du livre : Sécurité Aérienne

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Le livre Sécurité Aérienne est sorti. Les premiers exemplaires sont prêts à l’envoi. Il est dès maintenant disponible sur ce site. Il sera aussi largement disponible sur internet (Amazon, Barnes and Noble… etc) d’ici 3 à 4 semaines.

Voici les spécifications :
– Titre : Sécurité Aérienne
– Sous-titre : Pour les Pilotes et les Professionnels de l’Aviation
– Auteur : Amine MECIFI
– Edition : Première Edition, 2008
– Pays d’Edition : USA
– Langue : FR
– ISBN : 978-1-4357-1529-5
– Library of Congress Control Number: 2008903637
– Contenu : 13 chapitres, 2 annexes, 491 pages
– Prix public : 39.95 Euros

Pour l’obtenir, cliquez-ici

 

Sécurité Aérienne - Amine MECIFI
Quatrième de couverture

Rappel théorique – Niveaux de Givrage

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Les 4 niveaux de givrage

La nomenclature officielle définit 4 niveaux de givrage par ordre croissant de sévérité. Notez bien comme le terme « givrage modéré » est trompeur. A ce niveau, sans l’usage d’équipements de dégivrage ou antigivrage appropriés, c’est le crash garanti. Le niveau au-dessus, dit « givrage sévère » est juste une vue de l’esprit et ne doit pas être considéré. En effet, les avions ne volent pas par givrage sévère. Par ailleurs, la sévérité du givrage dépend du type d’appareil et des moyens de lutte dont il dispose. Un givrage considéré comme léger pour un Boeing 747 peut être considéré comme modéré, voir sévère pour des appareils de faible gabarit. Dans le rapport concernant le crash du vol 4184, le NTSB recommande aux autorités, à la FAA en particulier, d’élaborer un système d’alerte qui objective les risques par type d’avion sans laisser de place aux interprétations.

1 – Traces : Le givrage est perceptible. Le taux d’accumulation est légèrement supérieur au taux de sublimation. Il n’est pas dangereux même si les système de dégivrage / antigivrage ne sont pas utilisés sauf si ce phénomène est subi pendant une période prolongée (plus d’une heure).

2 – Léger : le taux d’accumulation peut créer un problème si le vol se prolonge dans cet environnement (plus d’une heure). L’usage occasionnel des systèmes de dégivrage ou d’antigivrage enlève, respectivement prévient, l’accumulation. Cette accumulation ne présente aucun problème si les systèmes de dégivrage ou d’antigivrage sont utilisés.

3 – Modéré : le taux d’accumulation est tel que même une exposition courte peut devenir potentiellement dangereuse. L’usage de systèmes de dégivrage ou d’antigivrage voir la diversion sont nécessaires.

4 – Sévère : le taux d’accumulation est tel que les systèmes de dégivrage ou d’antigivrage sont incapables de réduire ou de contrôler le danger. Une diversion immédiate du vol est nécessaire.

Important : jusqu’à nos jours, les météorologues ne disposent pas de moyens pour faire des prévisions géographiquement précises concernant le givre. Ils se basent sur des paramètres régionaux comme la température et l’hygrométrie qui, à eux seuls, ne permettent pas de se faire une idée assez claire sur la sévérité du givre. Des éléments importants comme la taille des gouttes d’eau en suspension seraient nécessaires. Ces éléments ne sont ni connus, ni inclus dans les calculs.

American Eagle 4184 : Décrochage surprise en conditions givrantes

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Le premier paragraphe du rapport d’accident NTSB numéro 20594 n’est pas très favorable au constructeur franco-italien ATR : Avant l’accident de Roselawn, d’autres incidents ont démontré que l’accumulation de glace en aval des boots lorsque l’avion vole à angle d’attaque suffisant pour causer une séparation du flux d’air peut rendre les ailerons instables. En conséquent, il aurait été prudent pour ATR d’examiner des combinaisons de conditions givrantes et de diverses configurations de vol qui auraient pu produire les instabilités constatées lors des incidents précédents.

Un peu plus loin, une phrase aux termes très disputés donne le ton de ce rapport : La brochure ATR 1992 Opérations par Toute Météo était trompeuse et avait minimisé le potentiel catastrophique connu de l’ATR quand il vole dans de la pluie givrante. Plus tard, le NTSB reviendra sur une partie sa déclaration et utilisera des expressions plus neutres.

Que s’est-il passé ?
L’accident du vol American Eagle 4184 fait partie de ces évènements dramatiques qui provoquent d’importantes remises en question sur les conditions d’exploitation des avions. Dans l’après midi du 31 octobre 1994, l’appareil de type ATR 72-212 immatriculé N401AM commençait sa descente sur l’aéroport de Chicago O’Hare International. A son bord, il y avait 2 pilotes, 2 hôtesses de l’air, dont l’une réalisant son premier vol, et 64 passagers.

Avant le décollage, un dossier météo avait été fourni au dispatcher de la compagnie. Celui-ci contenait un message de type AIRMET que le dispatcher transmet ou pas aux pilotes à sa propre discrétion. Dans le cas précis, il n’avait pas été transmis. En effet, l’AIRMET est un message météo concernant des phénomènes qui peuvent intéresser tous les avions au niveau opérationnel, mais constituer un danger que pour certains d’entre eux à cause de la limitation de leur performance ou de leurs instruments ou de la qualification de leurs équipages. L’AIRMET annonce des phénomènes météo moins significatifs que ceux qui mériteraient un SIGMET.

Moins d’une minute après le décollage, alors qu’il passe les 1800 pieds d’altitude, le pilote branche le pilote automatique. Après plusieurs contacts avec les services ATC, l’appareil se trouve enfin à son altitude de croisière qui est de 16000 pieds ce jour là. Sur la fréquence, plusieurs pilotes volant plus bas reportent au contrôleur aérien des conditions légèrement givrantes. Ces PIREPs sont entendus par l’équipage du vol 4184.

L’avion est autorisé à descendre vers 10000 pieds puis mis en circuit d’attente à 15:24. Les pilotes restent dans le circuit à 175 nœuds et sans système de dégivrage. Au bout de dix minutes, le commandant de bord s’inquiète de l’important angle de cabré lors des virages. Le copilote offre de sortir les volets. Ceux-ci sont positionnés à 15 degrés et l’avion adopte une meilleure attitude avec une baisse de l’angle d’attaque à 0 degrés. Les pilotes font quelques commentaires au sujet du givre, mais ne semblent pas s’en inquiéter outre mesure.

A 15:56, ils sont autorisés à descendre à 8000 pieds. Ils quittent leur altitude d’attente et le contrôleur les informe qu’ils seront en approche dans 10 minutes environ. Le copilote répondit « Thank you ». Ce fut la dernière transmission du vol American Eagle 4184.

Lors de la descente, c’est toujours le pilote automatique qui est aux commandes. Les modes maintien de cap (HDG SEL) et vitesse verticale (VS) sont engagés. Ceci est très important. Parce que à cet instant, les performances aérodynamiques de l’avion ont fortement dégradés. Si les pilotes avaient les commandes en manuel, ils auraient remarqué cette dégradation. Mais dans le cas précis, les circonstances font qu’ils n’ont pas l’occasion de la constater et de réagir de manière appropriée.

L’angle d’attaque augmente vers 5 degrés et les ailerons ont des excursions de plus en plus amples signes de la lute que mène le pilote automatique pour garder l’avion horizontal. Soudain, ce dernier atteint ses limites et se déconnecte. Les pilotes entendent l’alarme correspondante et se retrouvent aux commandes d’un avion fou. L’appareil vire brutalement à droite et se retrouve à 77 degrés d’inclinaison avec le nez qui plonge rapidement sous l’horizon.

Les pilotes réagissent rapidement et les ailes commencent à revenir vers l’horizontale. Le piqué est stoppé à 15 degrés. Mais ce n’est pas gagné pour autant. L’ATR s’incline encore vers la droite à la vitesse d’un avion de voltige : plus de 50 degrés par seconde sont enregistrés par le DFDR. Il passe à 120 degrés d’inclinaison, puis sur le dos et revient presque à l’horizontale après avoir effectué un tour complet. Les ailes continuent à s’agiter dans tous les sens et l’angle de piqué atteint 73 degrés. La vitesse augmente vertigineusement et finit par atteindre 375 nœuds. L’accélération dépasse les 3 G par moments. Le taux de chute est de l’ordre de 500 pieds par minute ! L’avion est en perdition.

En position partiellement inversée, l’avion sort des nuages et s’écrase presque immédiatement dans un champ provoquant la mort instantanée des 68 occupants.

Les débris se retrouvèrent enterrés dans deux grands cratères correspondants aux moteurs droits et gauches. D’après le bureau du médecin légiste de Newton County, lieux du crash, la mort des occupants était due à « de multiples séparations anatomiques dues à la grande vitesse lors de l’impact. ». L’identification des passagers et du personnel, surtout les pilotes à des fins d’analyse, se fera par le bais d’empreintes génétiques. Les enquêteurs ont tous du porter des tenues de protection contre les risques biologiques.

L’enquête, à grands moyens, revient sur la certification de l’appareil ainsi que sur de nombreux incidents relevés sur des ATR soumis à des conditions givrantes. Mais le plus important, reste de reconstituer les étapes cruciales permettant de comprendre le drame du vol 4184.

A 15:17, alors qu’il est en descente vers 10000 pieds, les pilotes engagent le système de dégivrage à son niveau III, soit le plus élevé sur ATR. De plus, ils poussent les manettes de gaz pour afficher des tours hélices à 86% du maximum. Ceci est aussi une exigence constructeur lors de la rencontre de conditions givrantes. Celles-ci sont définies dans le manuel des opérations de l’avion comme correspondant à une température totale inférieure à 7° C avec présence d’humidité visible dans l’air (sous n’importe quelle forme).

Par contre, quelques minutes plus tard, au moment de l’entrée dans le circuit d’attente, le système antigivrage est désactivé et les tours hélice réduits à 77% du maximum. A 15:33, soit 24 minutes avant la perte de contrôle, l’avion passe dans une zone de pluie givrante et accumule une grande quantité de glace. La dégradation subite des performances aérodynamique incite les pilotes à sortir les volets. Plus tard, à 15:51, soit 6 minutes avant la perte de contrôle, une autre dégradation rapide des performances a lieu. Elle correspond également au passage dans un banc d’eau en surfusion qui aliment des dépôts sur le l’extrados de l’aile en arrière des boots qui ne couvent que les premiers 7% de celle-ci.
Le reste se passe très vite. Au moment où la descente commence, la vitesse augmente un peu. En réaction, l’équipage décide de rétracter les volets. Le pilote automatique tire alors sur le manche pour maintenir la vitesse verticale sélectionnée. L’incidence de l’aile augmente et l’avion décroche sans le moindre signe annonciateur ! En effet, comme on le voit systématiquement dans ce type d’accidents, une aile contaminée par le givre décroche à une incidence faible où, en conditions normales, elle serait sensée voler. Les dispositifs d’alarme et de protection, même ceux qui abaissent leur seuil en présence de givre, ne voient rien venir.

N’arrivant plus à contrôler l’avion, le pilote automatique se déclanche et une averti les pilotes par un signal sonore et lumineux. Un quart de seconde plus tard, le manche se retrouve braqué totalement à droite et l’avion part à 77 degrés d’inclinaison dans la même direction. Le taux de chute augmente presque immédiatement à 24000 pieds par minute.

Surpris par la brutalité du phénomène, les pilotes tirent sur le manche pour freiner la descente. Ce réflexe est largement intuitif quand les pilotes ne savent pas qu’ils sont en situation de décrochage. Dans ce cas, ce geste dure 9 secondes pendant lesquelles il va maintenir l’aile à une incidence élevée et, donc contribue à maintenir une situation de perte de contrôle. A la fin de ces 9 secondes, le manche est un peu relaxé et l’aile s’accroche de nouveau permettant un regain de contrôle. L’appareil commence à revenir à l’horizontale. Par contre, le nez est à 73° sous l’horizon et l’altitude de 3700 pieds seulement. Les pilotes n’ont d’autres options que de tirer sur le manche encore pour redresser l’ATR. Comme l’aile est toujours contaminée, ce geste remet immédiatement l’avion en situation de décrochage.

L’avion s’incline de 50 degrés et le GPWS commence à envoyer une alarme orale : « Terrain ! Terrain ! ». Dans un mouvement désespéré, les pilotes agissent sur les commandes de manière énergique. L’accélération verticale passe à plus de 3.7 G et les 3 derniers mètres de chaque aile ainsi que la gouverne de profondeur se séparent. Moins d’une seconde plus tard, c’est l’impact. L’appareil volait à plus de 115 nœuds de sa limite structurelle certifiée.

Que reproche-t-on au constructeur ?
L’ATR 72 dispose d’un système de contrôle latéral basé sur un aileron à chaque extrémité de l’aile ainsi que des spoilers. Alors que ces derniers sont hydrauliques, les ailerons ne sont actionnés par un système mécanique basé sur des câbles, des poulies et des renvois. Cette mécanique est réversible. C’est-à-dire qu’il effort entré au niveau des commandes arrive aux ailerons, mais l’inverse est également vrai. Lors de l’accumulation de glace en avant des ailerons, le flux turbulent provoque l’aspiration de ceux-ci. Ainsi, quand le pilote automatique s’est déclanché, le manche est parti en butée. Il eut fallu une force de 30 kilogrammes pour le ramener au neutre.

 

Protection Givrage ATR 72
Protection givrage ATR-72. Les boots installés sur les bord d’attaque couvraient 7% de la corde.
Ils ont été étendus à 12.5% suite à l’accident.
 

 

Lors de la certification, un nombre de tests ont eu lieu. Ils ont permis de définir des points qui se trouvaient tous bien loin des limites de l’enveloppe de vol de cet appareil. Aucun test n’a approché de manière réaliste les conditions rencontrées dans de la pluie ou de la bruine givrantes ou dans les nuages à haute altitude. Par ailleurs, dans le manuel de vol de l’ATR 42 dans sa version de 1992, il est clairement indiqué que le vol en présence de pluie givrante doit être évité. En même temps, cette recommandation n’apparaît pas dans le manuel de l’ATR 72. Interrogé sur la question, les responsables du constructeur ont affirmé que cette omission n’était pas intentionnelle.

De plus, afin de ne pas devoir démontrer l’absence de caractéristiques dangereuses lors du décrochage, de plus en plus de constructeurs utilisent des systèmes de protection rendant celui-ci théoriquement impossible. Ainsi, si l’avion est sensé impossible à décrocher en opérations, on peut négliger l’étude de son comportement dans cette éventualité. Malheureusement, comme on le voit trop souvent, un avion contaminé par du givre peut se retrouver en situation de post décrochage et présenter un comportement indésirable et incompatible avec les attentes et la formation des pilotes.

Opérations en pluie ou bruine givrantes
Dans ces conditions, il n’est pas possible de faire voler un avion de manière continue. Par contre, s’ils utilisent un liquide de dégivrage au sol, les appareils peuvent décoller et passer au-dessus de la couche de bruine givrante ou d’une légère pluie givrante. Par contre, peut réserver des pièges en cas de panne moteur qui serait forcément suivie d’un vol plus prolongé dans la zone de formation de givre.

Après l’accident, les boots qui protègent les bords d’attaque ont été modifiés pour couvrir jusqu’à 12.5% de la corde de l’aile sur ATR 42 et ATR 72. Avant, ils allaient à 5 et 7% respectivement. Les opérateurs cessèrent de programmer cet appareil sur les routes où d’importantes conditions givrantes sont rencontrées.

 

Vol 4184, lieu du crash
Lieu du crash et Memorial du vol 4184 de nos jours.
 

 

Lire aussi :
– L’accident du Comair 3272 dans des circonstantes en tous points similaires.
– Manuel ATR-72 Protection Givrage Pluie – PDF – 28 Pages – Anglais

USA : Alerte aux mécaniciens dangereux !

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La FAA est à la recherche d’un certain nombre de mécaniciens non qualifiés qui ont obtenu leurs licences par le biais de fonctionnaires fédéraux corrompus. L’histoire, qui vient d’être révéllée, est très embarrassante pour l’Administration US déjà accusée de laxisme dans d’autres affaires liées à la maintenance des avions de ligne.

En effet, entre le 10 octobre 1995 et le 31 décembre 1998 près de 2’000 licences de mécanicien avion ont été délivrées de manière frauduleuse par deux inspecteurs corrompus qui validaient les examens contre espèces sonnantes et trébuchantes. Ceux-ci étaient en exercice dans une école de Floride appellée St. George Aviation.

D’après un inspecteur de la FAA, il suffirait d’un seul mécanicien incompétant pour mettre en danger la sécurité d’un avion. Une vaste enquête est en cours et un certain nombre de personnes se sont volontairement dénoncées et ont rendu leur certifications. Pour d’autres et afin de lever le doute, une nouvelle série d’examens est en cours de mise en place.

Un des mécaniciens concernés avait travaillé pour AirTran Airways à Tampa en Floride jusqu’en 2006 où il fut suspendu parce qu’il avait échoué des examens de requalification. Suite à cette affaire, cette compagnie a lancé une vaste enquête interne.

D’après une recherche basée sur l’étude de 1’300 rapport du NSTB et citée dans la revue Aviation Today du 1er Août 2006, près de 29% des incidents et accidents aériens sont liés à des erreurs de maintenance. Durant la période 2000 à 2002, les compagnies régionales ont réalisé 37% des vols aux USA, mais ont eu 67% des avertissements FAA pour mauvaise maintenance. Néanmoins, cette affaire toutes les compagnes quelque soit leur taille.

Lire aussi :
– http://www.faa.gov/mechanics/retesting/ [nouvelle fenêtre]

Atterrissage forcé suite à un problème avec des champignons

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Un Boeing 737-80 (EI-DHA) réalisant le vol FR1024 entre Budapest et Dublin a du réaliser un déroutement sur Francfort suite à un problème avec des champignons.

En effet, un passager avait un sac de champignons congelés qu’il a placé dans le compartiment de bagages en cabine. Durant le vol, les champignons se sont décongelés et on émis un liquide qui a commencé à couler sur un passager qui a commencé à se plaindre d’irritations et d’allergies. Après l’atterrissage, le passager en question a été admis à l’hôpital.

Le est reparti vers Dublin avec 2h20 de retard.

Le transport des produits dangereux est interdit à bord des avions, mais les plantes sont oubliées alors que certaines d’entre elles peuvent représenter un danger pour la santé des personnes.

 

Produits interdits à bord des avions
Ici la liste des produits interdits chez Quantas par exemple.
La question des végétaux n’est pas abordée.

Sortie de piste d’un Boeing 737 de Ryanair à Limoges / 6 blessés

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Source: TF1
On ignore encore les raisons précises de l’accident qui s’est produit vendredi après-midi à l’aéroport de Limoges : un appareil de la compagnie Ryanair, un Boeing 737 en provenance de Charleroi, a manqué son atterrissage. Il est sorti de la piste vers 16h30. Les toboggans d’évacuation ont été déclenchés et les 175 passagers et 6 membres d’équipage évacués. Selon le cabinet de la préfecture, joint par LCI.fr, l’incident a fait six blessés légers, qui ont été dirigés vers l’hôpital de Limoges pour des examens complémentaires – certains se plaignaient notamment de douleurs aux cervicales.

D’importants moyens de secours ont été déployés. Les autres vols de la journée prévus à l’aéroport de Limoges ont été annulés et le maire s’est rendu sur place. Contactée par LCI.fr, la mairie émet l’hypothèse que “l’avion aurait glissé à cause du mauvais temps au moment de l’atterrissage” avant de sortir de piste. Une hypothèse reprise par le cabinet du préfet, qui a également évoqué “une forte dégradation de la météo”. La pluie et le vent étaient forts cet après-midi sur la région de Limoges.

“On a entendu une grosse explosion”

Des riverains ont également évoqué un fort coup de vent au moment où l’avion devait atterrir. L’un d’eux, Emmanuel Lautrette, joint par LCI.fr, raconte : “J’étais chez mes parents qui habitent près de l’aéroport… Il y a eu une grosse rafale de vent puis, peu de temps après, on a entendu une grosse explosion. Ce devait être les tobbogans… On s’est rendu à l’aéroport… On a vu des ambulances et des camions de pompiers… Sur place, on nous a dit qu’il y avait une centaine de personnes à bord : pas de blessés graves mais des gens très choqués… Un témoin nous a dit qu’il avait été très surpris par la vitesse à laquelle l’avion arrivait sur la piste.”

La direction de l’aviation civile va étudier les moyens de dégager l’appareil de Ryanair, immobilisé dans l’herbe à une quarantaine de mètres du tarmac. Selon la préfecture, les moyens d’Air France pourraient être mis à contribution. En ce qui concerne les passagers évacués, la plupart d’entre eux étaient à destination de Limoges, selon la préfecture ; les autres devraient être pris en charge pour parvenir à destination.


Informations disponibles (sous réserve)
– Avion : Boeing 737-800
– Compagnie : Ryanair
– Business Model: Low Cost
– Vol : FR1216
– Code IATA de la compagnie : FR
– Code OACI de la compagnie : RYR
– Création de la compagnie : 1985
– Nombre d’occupants : 181 (175 passagers + 6 membres d’équipage)
– Bilan actuel : 6 blessés légers selon la Préfecture de Haute-Vienne (87)
– Lieu de départ : Charleroi (Belgique) – BSCA
– Destination : Limoges (France) – LFBL
– Heure de l’accident : 15:20 GMT – 16:20 heure de Paris

 

Tableau des arrivées - aéroport de Limoges
Tableau des arrivées affiché sur le site internet de l’Aéroport de Limoges.
Arrivée mouvementée ? Arrivée quand même…
 

 


Météo sur le lieu de l’accident
Voici le dernier métar disponible :

 

LFBL 211800Z 30008KT 270V330 9999 FEW015 SCT035 05/03 Q0995 NOSIG
 

Décodage :
LFBL : code OACI de l’aéroport de Limoges Bellegarde
211800Z : émis le 21 du mois (aujourd’hui c’est le 21 mars) à 18:00 Zoulou (= GMT) soit 1:40 après l’accident
30008KT : Vent venant du 300° vrai (pas magnétique) à 8 noeuds soit environ 15 km/h
270V330 : Direction du vent variable du 270 (plein Ouest) au 300 vrai.
9999 : visibilité prédominante horizontale supérieure à 10 KM (ne veut pas nécessairement dire que le pilote avait plus de 10 KM de visibilité sur son axe d’approche)
FEW015 : nuages rares (1/8 à 2/8) à 1500 pieds
SCT035 : nuages épars (3/8 à 4/8) à 3500 pieds
05/03 : température 05° C – point de rosée 03° C
Q0995 : la pression au niveau de la mer (QNH) est de 995 hPa
NOSIG : Pas de changement significatif prévu au cours des deux heures suivant l’heure de l’observation. Donc météo assez stable.

Striptease dans un avion de ligne français – Vidéos – Nudité

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Des vidéos circulent sur internet et sont de plus en plus reprises par les médias ces derniers jours : une hotesse de l’air réalise un strip tease complet dans le cockpit d’un avion de ligne en vol. Un des membres d’équipage filme ces vidéos qui n’étaient probablement pas prévues pour aller sur internet.
 

 

 

 

 

 

Analyse
Les défaillances de la sécurité aérienne font tout le temps remonter des images porteuses de force et d’émotion. Une fois qu’on a visionné ces vidéos, il faut éviter de tomber dans deux pièges qui se présentent tout naturellement :

1 – moraliser le débat : il ne faut pas laisser parler le moralisateur qu’il y a en chacun de nous. Les accidents aériens sont liés à des phénomènes techniques, l’aspect moral n’est pas pertinent.

2 – la généralisation : “on sait pourquoi les avions s’écrasent maintenant”. Il n’est pas courant que les hotesses fassent des stripteases dans le cockpit et jamais un avion ne s’est écrasé pour un tel motif. Il s’agit d’un débordement unique.

Une fois que ces deux aspects écartés, il reste un simple cas de distraction d’équipage. Dans de très nombreux vols, les pilotes passent par des phases où leur attention est diminuée pendant des périodes plus ou moins longues. La fatigue, le manque de sommeil, les décalage horraires, la monotonie de certains segments de vol, très exceptionnellement les stripteases, sont les causes de ces phases de faible attention.

Le vol se passe sans passagers. Ceci peut créer un climat de relachement qui n’est pas favorable à la bonne gestion des opérations tant au niveau humain que technique.

Finallement, même si cet incident reste assez graphique et particulièrement documenté, en aucun cas il ne peut prétendre à entrer dans le top ten des comportements accidentogènes.