Le Titanic a sombré corps et biens il y a plus de 100 ans. C’était une nuit d’avril 1912 et plus de 1500 personnes y ont perdu la vie. Alors qu’aucun témoin direct de cette tragédie n’est en vie aujourd’hui, le public est à chaque fois au rendez-vous quand on l’évoque. Même les gens qui sont nés 60 ans après le drame se sentent concernés par ce qui s’est passé cette nuit-là. Le film « Titanic » qui est sorti dans les salles en 1997 a fait plus de 2 milliards de dollars de recettes. Le public était là.
Le 20 décembre 1987, un ferry philippin, le MV Dona Paz, entra en collision avec un pétrolier. Les deux navires prirent feu et finirent par sombrer. Pendant quelques heures, la mer a été transformée en tapis de flammes. Le bilan de la catastrophe est difficile à chiffrer mais on est au nord des 4300 morts.
Qui se souvient encore du MV Dona Paz ? Plus grand monde alors que le Titanic on en parlera encore dans 100 ans.
– Est-ce que j’aurais pris volontiers ce bateau, ce navire, ce car ?
– Est-ce que j’y aurais mis mes êtres chers ?
Si vous répondez oui à l’une des deux questions ci-dessus, c’est que vous avez plus de chances d’être frappé par l’accident et ressentir un impact émotionnel.
Le RMS Titanic était un navire où toutes les classes de la société s’étaient réunies. Les chauffeurs, où « gueules noires », travaillaient dur sous la ligne de flottaison pour maintenir le feu sous les 29 chaudières. Grace à eux, le navire avançait mais eux ne voyaient pas où il allait. Très haut, vers les ponts supérieurs, les passagers de première classe menaient une vie de palace sans jamais avoir croisé ceux qui le faisaient avancer. Entre les deux, les secondes classe représentaient toutes sortes de trajectoires et de chemins. Les passagers du Titanic étaient une coupe, un échantillon de notre société. Ils sont venus de tous les horizons pour voyager séparément dans le même navire. Seul le drame du naufrage a progressivement uni leurs destins. Au fur et à mesure que l’eau montait autour de la coque, les fils de la vie de personnes aussi éloignées que puisse être le banquier international et le matelot de troisième classe se sont enchevêtrés pour aboutir à une mort unique dans les eaux glaciales de l’Atlantique.
Le MV Dona Paz fait office d’un tuyau rouillé. Il ressemblait à une épave avant même d’avoir percuté quoi que ce soit. Il ne fait pas rêver. Il fait peur. On peut facilement se débarrasser de l’horreur du bilan par une pirouette mentale : je ne serais jamais monté dedans. Jamais je n’aurais embarqué ma famille dans un truc pareil. On tourne la page. On oublie. C’est toute la différence entre les accidents qui frappent l’imagination et ceux qui s’oublient. Cette « imagination » c’est notre instinct de survie qui ne peut détacher son attention de faits qui ont tué nos semblables.
Germanwings est une compagnie réputée. Il suffit de dire qu’elle appartient entièrement à Lufthansa. Rien que ce nom est une garantie d’arrivée à bon port. Depuis le temps qu’ils sillonnent l’Europe, plein de gens ont voyagé sur leurs avions. Peut-être même dans l’avion qui s’est écrasé hier.
Un autre élément vient rajouter à l’impact sur le public : la circulation de l’information. Il y a 40 ans, on aurait appris l’accident dans le journal du lendemain. Il y a 20 ans, dans les news du soir. Aujourd’hui, on le vit en temps réel. Les mêmes phases de doute, d’incertitude, de recherches…. Sont partagées avec tout le monde.
Hier, 5 minutes avant le crash (09:35 UK), alors que l’A320 descendait vers les montagnes, mon iPhone émet un bip. Une alerte montre une urgence sur un vol MM7168. Je suis intrigué par l’indicatif. Je fais une petite recherche et il s’avère que c’est un avion militaire qui émet un code d’urgence au nord de l’Italie. Je me désintéresse de son sort. Un pilote de chasse, au pire il saute. Alors que je suis dans cette recherche, j’apprends qu’un avion aurait disparu au-dessus de Barcelonnette. Je repense à l’Italien. La région est montagneuse. Elle fait tout de suite penser à un CFIT. Peut-être qu’il faisait une approche et le pilote s’est trompé dans sa navigation et a heurté le relief. Ces régions ne pardonnent pas… et puis, elles ne laissent pas le temps d’envoyer un message d’urgence non plus.
Puis, une fois que l’identité de l’appareil est connue, on apprend qu’il allait à Düsseldorf ! Et là, la théorie de l’approche au-dessus des Alpes ne tient plus. A cet endroit, il devait être bien plus haut que les montagnes. Puis, les informations radar viennent raconter la suite. L’avion est descendu le long de sa route prévue, en maintenant sa vitesse de croisière jusqu’à se désintégrer contre les rochers.
Pourquoi ?
Crash A320 de Germanwings, déjà une double catastrophe aérienne au même endroit !
Article très bien documenté à lire sur : http://blog.seniorenforme.com/scoop-crash-dairbus-deja-une-catastrophe-aerienne-au-meme-endroit/
Et sur http://echelledejacob.blogspot.fr/2015/03/a320-lavion-cherchait-une-issue-dans-un.html A320 : «L’avion cherchait une issue dans un cul-de-sac»